Ce mois de février, tous les travailleurs ont dû recevoir leurs fiches de salaire du mois janvier. Il est donc possible de vérifier si son salaire a bien été indexé, ce que nous recommandons fortement. Dans cet article, nous expliquons ce qu’est l’indexation des salaires, pourquoi il faut l’obtenir et quelles sont les revendications centrales à ce sujet.

Ces dernières années, les salaires suisses ont dans le meilleur des cas stagné. Ce phénomène a commencé il y a plusieurs années, selon les sources que nous avons pu consulter. Mais depuis 2021, les salaires ont subi une baisse réelle car, en effet, les prix ont augmenté à cause de l’inflation.

Il est certain que les profits des grandes entreprises, eux, n’ont cessé de grandir. Ce sont surtout les travailleurs qui passent à la caisse face aux problèmes de l’économie. La raison en est simple: pendant que les prix des produits et des services essentiels sont à la hausse, les patrons refusent d’indexer les salaires également à la hausse. Cette situation a des conséquences graves, non seulement dans les rapports de travail, mais surtout dans la résolution des problèmes de la vie en général.

L’indexation, c’est l’augmentation du salaire dans la même proportion que l’augmentation des prix à la consommation. Par exemple, si les prix augmentent de 1%, les salaires devraient également augmenter de 1%.

Le résultat est incontestable : sans indexation des salaires, le pouvoir d’achat baisse. Car avec le même montant de salaire, le travailleur perd sa capacité d’acheter, une tendance qui empire tant que durent les continuelles hausses de prix.

En tant que syndicat interprofessionnel, nous revendiquons donc une indexation intégrale des salaires pour tous les travailleurs, du privé et du public, à la hauteur de l’inflation réelle des prix. C’est le minimum, les salaires réels ne doivent pas baisser !

Deux revendications en découlent :

  • L’indexation des salaires doit s’appliquer automatiquement chaque année 
  • L’indice des prix à la consommation (IPC) doit calculer la hausse réelle des prix

En effet, le thermomètre officiel qui mesure l’inflation, l’IPC, ne reflète pas l’ampleur de la réalité de la hausse des prix que nous vivons chaque fois que nous passons à la caisse. Il produit des statistiques qui sont évidemment toujours en défaveur des travailleurs. Par exemple, les primes d’assurance maladie ne font même pas partie des éléments mesurés. Or, c’est un élément fondamental du budget des familles.

Entre octobre 2021 et octobre 2022, l’inflation annuelle a été mesurée à 3%, avec ce thermomètre bridé, comme expliqué précédemment. La statistique d’octobre est une référence car elle sert en général à déterminer les indexations salariales négociées collectivement et applicables dès le 1er janvier de l’année suivante. En octobre 2023, c’est à 1,7% que l’inflation annuelle s’est montée. En deux ans, les prix ont au minimum augmenté de 5% et, en sachant que l’instrument de mesure officiel est biaisé, l’inflation réelle en deux ans se situe par conséquent entre 5 et 10%.

Il est évident que les salaires des secteurs professionnels qui ont été indexés sont loin d’avoir obtenu des compensations suffisantes. Les salaires ont donc baissé dans les secteurs avec des CCT, dans la fonction publique et, à plus forte raison, dans les secteurs de travailleurs les moins protégés.

Comme mentionné sur le tableau ci-bas, les salaires de tous les ouvriers de la CCT nationale de la branche électricité ont partiellement été indexés depuis 2022. Dans l’hôtellerie-restauration et le secteur du nettoyage en Suisse romande, ce sont uniquement les salaires minimums qui ont été indexés, insuffisamment.

Concernant le second-oeuvre romand, il n’y a pas eu d’indexation des salaires en 2022. En 2024, les salaires de ce secteur ont augmenté de 150 CHF/mois mais pas en raison du renchérissement. En effet, une revalorisation salariale était réclamée par les ouvriers depuis plus de 10 ans, avant même le phénomène de l’inflation. Les prochaines années, une indexation sera accordée automatiquement si l’IPC est inférieur à 1,5%.

Indexations salariales par CCT202220232024
CCT nationale de la branche électricité (tous les salaires)0,9%2,0%2,2%
CCT du second oeuvre romand (tous les salaires)1,5%
CCT nationale de l’hôtellerie-restauration (salaire minimum)3,0%2,2%
CCT pour le secteur du nettoyage en Suisse romande (salaire minimum)<1,25%<1,25%
CCT du secteur sanitaire parapublic vaudois (tous les salaires)1,4%1,9%

Les indexations salariales obtenues sont en effet loin du compte. C’est pour cela que les travailleurs doivent s’organiser et se mobiliser avec notre syndicat pour revendiquer, au minimum, l’indexation automatique des salaires correspondant à l’inflation réelle.

Nous rappelons que notre syndicat est interprofessionnel et que nous défendons nos membres quel que soit leur secteur d’activité. N’hésitez pas à nous contacter pour devenir membre et recevoir une excellente aide juridique en cas de conflit de travail. Les réclamations salariales ont un délai de prescription de 5 ans (art.128, al.3 Code des obligations).